PARAVENT

Delphine RENAULT

 

Proposition pour couvrir l’échafaudage devant la galerie Joy de Rouvre, novembre 2018

A la demande de la galerie de dissimuler l’échafaudage devant la moitié de sa vitrine, je réponds par la forme du paravent. Cette forme installée à l’extérieur du lieu mais visible de l’intérieur encadrée par la vitrine, rejoue sa fonction domestique de cacher des regards et d’isoler.

La forme du paravent, déjà utilisée dans mon travail, fait partie de mon vocabulaire formel et colorimétrique. Il s’agissait pour la première utilisation d’un panneau de bois sur lequel était peint une forme pleine d’un paravent en couleur bleu/vert/gris des années 30 que j’ai découvert dans les espaces domestiques genevois. Son archivage en sérigraphie le fait exister dans mon abécédaire formel. Je propose de le réutiliser aux dimensions de la vitrine de la galerie en l’imprimant sur une bâche et de le fixer sur l’échafaudage.

Je propose également, en parallèle, d’exposer au sein de la galerie la sérigraphie du paravent pour rendre présent le processus de va-et-vient entre archive sérigraphique/installation in-situ propre à mon travail et le côté devant/derrière, extérieur/intérieur du paravent. Le fait de puiser une forme dans mon abécédaire pour la réutiliser est récent dans mon travail. Cela fait suite à mon installation de cet été, où j’ai repris la sérigraphie Balise J14b (la signalétique de sortie d’autoroute) lors de l’ouverture d’un espace d’art à Ingrandes-le Fresnes sur Loire en France en bâchant complètement le lieu avec, le signalant.

Delphine Renault, automne 2018

Date

Du 17/11/18 au 30/01/19

Vernissage

le 17 novembre 2018

SOLEILS COUCHANTS / SETTING SUNS

Hugo PERNET

le dimanche 18 novembre à 15h, lecture de l’artiste « Pour les chevaux »,                             textes d’Hugo Pernet

Les tableaux réunis dans l’exposition « Soleils couchants » représentent des figures simplifiées (des poires, des billes) posées sur un fond monochrome, orange ou vert ; orange pour le soleil couchant, vert pour le clair de lune. Les soleils couchants, c’est l’image poétique-type, une image générique, comme celles que l’on retrouve sur les cartes postales. Ces vues correspondent à un moment, les vacances, un temps improductif pendant lequel regarder peut être une activité à part entière, satisfaisante en elle-même. Pareillement, l’exposition est comme une invitation à prendre le temps de regarder des choses simples.

Le choix des sujets exprime une certaine mélancolie, teintée d’ironie. Etre pris pour une bille, ou une poire, c’est le risque à prendre quand on s’expose. Etre une bille, c’est aussi l’antithèse de la maîtrise. Ces « billes » sont en fait des globes oculaires. Elles fonctionnent comme des synecdoques en peinture, les yeux se substituant aux personnages. De même que dans ce qui est figuré, la partie vaut pour le tout, de même les peintures en tant que telles ne sont qu’une « partie » de figuration. Le dessin est tellement simplifié qu’il en devient lui aussi générique. Les tableaux sont des figurations en partie, ou partielles.

Les toutes premières peintures d’Hugo Pernet étaient en fait des images d’abstractions : les compositions reprenaient en noir et blanc, ou en couleurs inversées, des peintures célèbres de l’histoire de l’abstraction. Face à elles, il était difficile de déterminer s’il s’agissait de peintures abstraites, ou d’images de peintures abstraites. Dans le même ordre d’idées, dire que les figurations récentes auraient succédé à une période abstraite serait inexact. L’opposition abstrait / figuratif n’est pas vraiment pertinente, car en fait, il n’a pas cessé de faire structurellement la même chose. Et ces nouvelles peintures utilisent le même procédé d’inversion des couleurs que dans les (images de) peintures abstraites précédentes.

L’ombre portée distingue les figures d’un fond abstrait. C’est un signe de profondeur, son indication minimale. L’espace est signifié par cette ombre, plus qu’il n’est véritablement représenté, l’arrière-plan restant parfaitement monochrome. Les poires sont posées sur ce fond aussi abstrait qu’une scène de théâtre, comme les personnages d’un drame éclairés par des poursuites. Leur exposition sur cette scène suppose qu’elles aient préalablement été détachées de l’arbre. En ce sens, ce sont des natures littéralement mortes, aussi mortes que le serait un personnage qui ne serait constitué que d’un œil, à l’exception de tout autre organe. Et d’autant plus qu’il s’agit de fictions schématiques, et non de peintures faites d’après motif.

La nature morte est à peine un sujet. Historiquement, c’est même un autre nom du « hors-sujet ». Et avec le développement de l’art moderne, comme dans un tableau figurant des meules de foin, ce sujet est devenu de plus en plus ténu, en venant presque à « manquer », comme disait Kandinsky. Le choix des poires est aussi une façon de se raccrocher à une histoire qui, des asperges de Manet aux pommes de Cézanne, n’a pas seulement mis en avant le « primitif » dans l’art, mais aussi les primeurs.

Les tableaux sont faits pour être regardés. Et pour avoir une chance de l’être, croiser le regard du visiteur est une manière, depuis cette même époque moderne, de capter son attention. Les yeux sont une mise en abîme du regard qu’on peut avoir sur les tableaux. En impliquant le regardeur, chaque peinture devient un des personnages participant à un récit qui s’est déplacé de l’intérieur du tableau à l’exposition elle-même.

Vincent Pécoil, novembre 2018

Date

Du 17/11/18 au 22/12/18

Vernissage

le samedi 17 novembre 2018 à 11h

WHEN THE HORSES

Sylvain CROCI-TORTI

 

Si la peinture était avant tout une dimension.

Pour Sylvain Croci-Torti la pratique de la peinture, dans une acception la plus large possible, l’autorise à prendre la mesure des espaces et des lieux. Ainsi, les couleurs, brutalement raclées ou attentivement saturées, emplissent les châssis et s’affrontent à la dimension de ceux-ci. L’artiste révèle alors, par plans, que la géométrie n’est pas qu’abstraction quand elle s’énonce en surfaces.

Pour cette exposition, l’artiste découpe une diagonale dans l’espace, tranchant dans la structure familière de la galerie Joy de Rouvre. Sans revers visibles, mais sans nier la nature fragile de leurs cadres, les grandes toiles jouent de la similitude des deux espaces d’exposition. L’effet de parallèle est amplifié par un accrochage précis et répétitif d’œuvres de plus petits formats. Fluide, liquoreux, mais dense, ce mur peint, légèrement flottant, déploie sa dimension étrangement naturelle de part et d’autre de l’espace neutralisé. Influant sur la température chromatique des salles, étirant les grands monochromes mornes aux limites apparentes de leur résistance, Sylvain Croci-Torti nous renvoie au miroir sombre de la peinture. Il n’est plus question de héros, de gloire, de monumentalité, de radicalité. La peinture est une écaille, un filtre translucide omni- présent. Comme dans la musique inspirée du minimal qu’il apprécie tant, le mur du son craquelle et ouvre des espaces à l’émotion, une fois encore.

Il ne s’agit pas de nostalgie, mais d’admettre que, quoi qu’il arrive, certaines formes ont la texture identifiable d’une histoire commune dont nous connaissons depuis longtemps les limites et les doutes, sans pour autant en abandonner le goût et le plaisir de s’y confronter.

Samuel Gross, septembre 2018

 

lien presse: https://www.artlog.net/de/kunstbulletin-9-2018/sylvain-croci-torti-peindre-comme-un-musicien

Date

Du 14/09/18 au 10/11/18

Vernissage

le jeudi 13 septembre 2018

SUMMER SHOW / ACCROCHAGE D’ETE

Accrochage des artistes de la galerie

Sylvain Croci-Torti, Camila Oliveira Fairclough,

Sylvie Fanchon, Christian Floquet,

Arthur Fouray, Frédéric Gabioud, Stéphane Kropf,

Jérôme Hentsch, Hugo Pernet, Guillaume Pilet,

Dominik Stauch, Baker Wardlaw

+ Christian Robert-Tissot

Date

Du 05/07/18 au 01/09/18

Vernissage

le jeudi 5 juillet de 17h à 19h, finissage et verrée de rentrée le samedi 1er septembre 2018

Frédéric Gabioud, Baker Wardlaw, Camila Oliveira Fairclough

Guillaume Pilet, Christian Floquet, Guillaume Pilet, Camila Oliveira Fairclough

Christian Floquet, Sylvain Croci-Torti, Frédéric Gabioud, Stéphane Kropf

PICTURES OF HER

Aimée HOVING

Depuis aussi longtemps qu’elle tient une caméra entre ses mains, Aimée Hoving photographie des femmes. Toujours dans un environnement familier si possible: famille, amies, amies d’amies. Rester dans un cadre privé, cela l’aide à mieux « décadrer » ses personnages, les faire sortir du cadre justement. Sans doute parce qu’on ne peut pas prendre tous les risques en même temps.

Utiliser son propre réseau amical et familial, c’est une manière de révéler l’éducation qu’elle a reçue de ses parents, et qu’elle interroge justement dans son travail. Tout est matière à réflexion, à révélation plutôt.

Après avoir été diplômée de l’ECAL, Aimée Hoving a tenté d’aborder l’univers de l’homme: avocats du barreau, hommes d’affaires, tous sont passés derrière son objectif. Mais son objectif était autre, et l’univers féminin l’a rappelée à son bon souvenir. « C’est plus facile. Je ne sais pas pourquoi. Elles me comprennent. Je les comprends », dit-elle.

Ses photographies sont le résultat d’une observation du réel qu’elle va détourner au gré de son imaginaire, mais juste un peu, pas trop. A peine un décalage qui donne ce ton particulier à ses images. Une unicité. Sa signature.

Le titre de la série « Pictures of Her » est déroutant: qui est « Elle »?  En regardant les images, on devine que c’est une enfant, toujours la même, dans des postures qui pourraient être un jeu, ou pas: est-ce que l’enfant joue à cache-cache ou essaye de s’échapper en sautant par la fenêtre, en se fondant dans le décor au point de devenir un rideau, une lampe, un meuble, que l’on pose là ?  Aucun prénom, rien ne permet de deviner qu’il s’agit de la fille de la photographe et que ce duo, elles le dansent ensemble. La mère propose, la fille dispose, et vice et versa. Un travail en commun. Une performance.

On ne peut pas parler de jeu de rôle car l’intention n’y est pas. Il y a quelque chose de l’ordre du jeu, certes, surtout pour la petite fille, mais un jeu sérieux. Pour la mère en revanche, il y a urgence de saisir un instant où sa fille devient un être hybride entre l’humain et l’objet animé, comme dans un dessin animé.

Le travail d’Aimée Hoving avec sa fille relève à la fois d’une réflexion sur son rôle de mère: jusqu’où peut-on montrer son enfant à l’heure d’Instagram et des vies dévoilées? C’est aussi une manière de réfléchir à son propre rôle de fille: elle photographie son enfant dans les lieux de son enfance. Pour mieux la revisiter? La conjurer? La transformer?

Cette série a commencé par des photos d’enfant, comme font tous les parents, afin de garder une trace d’un temps vite révolu. De ce geste anodin, non conscient, est née une démarche artistique où les deux protagonistes tiennent un rôle.

On sent que quelque chose s’est passé avant la photo, ou va se passer après le déclic, et qu’Aimée Hoving a justement choisi de saisir ce moment de bascule. Celui où tout est encore possible avant l’inéluctable. Est-ce que la situation est grave, ou tout va finir dans un éclat de rire? Ces images nous obligent à nous interroger sur notre propre perception de l’enfance. Et du rôle de l’enfant dans notre vie. Même si les situations ont quelque chose d’irréel, on n’est pas dans l’un de ces contes pour enfants qui se termine forcément bien par une phrase sibylline.

On est dans un univers où onirisme et étrangeté se tiennent par la main, même si Aimée Hoving travaille en lumière naturelle.

Et si c’était un rêve?

Isabelle Cerboneschi, avril 2018

liens presse:

http://phototheoria.ch/f/PhotoTheoria30_201805.pdf

https://all-i-c.com/aimee-hoving/

http://www.bilan.ch/etienne-dumont/courants-dart/geneveembouteillage-nuit-bains-etait-celle-meg-mah

http://delarthelvetiquecontemporain.blog.24heures.ch/apps/m/archive/2018/05/06/aimee-hoving-maisons-de-l-etre-865625.html

Questions/réponses avec la photographe Aimée Hoving

 

Date

Du 18/05/18 au 30/06/18

Vernissage

le jeudi 17 mai 2018 dès 18h

STRESS TEST

Guillaume PILET

STRESS TEST – ou test de résistance – propose une réflexion sur la définition de la peinture et de l’acte de peindre. La résistance du médium et, intrinsèquement du signifié à travers le temps, témoigne de flux sémantiques variables pourtant inscrits au référent. Si une peinture se définit par elle-même et que la finalité de l’acte est, par conséquent, la définition de celui-ci, nous ne sommes pas face à une forme de résistance du médium mais davantage face à une existence en tant que telle. Les considérations sur le goût, passées dans l’usage de nos jours, ponctuent la signification subjective, externe à la surface peinte. Guillaume Pilet, en exploitant l’autonomie du médium, approfondit ses facteurs de définition. La jeunesse, la formation, la palette alimentent la théâtralité que l’artiste met en scène pour nous représenter la peinture. Le geste devient primordial, décliné au travers de plusieurs médiums. La peinture est aussi une mise en image de sa propre histoire, forme d’articulation entre un univers personnel et des questionnements fondamentaux. Narrations et fictions qui y sont associées sont autant d’intrigues et de récits matérialisés dans l’espace. L’exposition devient performative, dans cette mise à l’épreuve et mise en scène de la mythologie de l’auteur. Elle produit alors une pluralité de discours mais aussi du sens. Guillaume Pilet nous propose de questionner « une cartographie des savoirs autorisés », dans notre rapport à l’objet, placé au coeur d’une institution du regard, en actualisant cette déclinaison « du peindre » qui lui est propre. C’est à travers une démarche dialectique entre la pensée et la matérialité, entre le guider et se laisser guider, que les oeuvres deviennent des objets de connaissances privilégiés.

Julie Lang et Jean-Rodolphe Petter

… donc le titre de l’exposition, je l’ai choisi pour sa sonorité autant que pour sa signification… qui sauf erreur se traduit « test de résistance » en français et s’utilise dans un contexte économique… … je l’ai pris comme une façon de lire mon travail de peinture (puisque l’exposition est très picturale) – et comme si chacune de mes peintures interrogeait sa propre résistance à l’histoire et aux références – autant que la résistance du spectateur à la forme picturale. … aussi parce que je suis retombé sur une interview d’il y a dix ans où j’affirmais que chaque peinture que je terminais était un manifeste… et j’espère avoir maintenu ce programme et cette radicalité. …dans cette exposition, les motifs des toiles et ainsi leurs compositions résultent d’un procédé de « tie and dye » donc littéralement la toile est travaillée comme un volume en quelque sorte — et pour la peinture murale et les sérigraphies; le motif de vague que j’emprunte à l’op art joue sur un effet de volume rendu sur le plan en alternant des lignes fines et épaisses… … mais j’en restitue une version très intuitive, peinte à la main, où le motif dans sa progression et sa déclinaison m’échappe et m’impose son rythme — j’aime l’idée d’une démarche assez stricte qui se retourne contre moi un peu comme les pois des peintures qui sont placés de façon assez aléatoire — c’est une forme de test de résistance à mon propre statut d’auteur..? … et un truc assez drôle : il y a une un faisceau de références évident qui se resserre sur les années 60/70 — entre le batik et le motif psychédélique — et je ne sais pas vraiment quoi en faire honnêtement… mais le batik appartient au vocabulaire de ma pratique artistique depuis ma première exposition d’abord comme alternative à la peinture murale — très pratiquée à l’ECAL à l’époque— se référant à un artisanat considéré comme moins noble. … j’aime l’idée que chaque peinture soit une définition de la peinture.

Guillaume Pilet

Date

Du 23/03/18 au 05/05/18

Vernissage

le jeudi 22 mars dès 18h

ARTGENEVE salon d’art à palexpo

Stand C41

artgenève_2018_Logo

Date

Du 31/01/18 au 04/02/18

Vernissage

le mercredi 31 janvier sur invitation uniquement, de 14h à 21h

vue du stand, de gauche à droite: Hugo Pernet, Hugo Schüwer-Boss, Christian Floquet, Dominik Stauch, Sylvain Croci-Torti, Frédéric Gabioud, Baker Wardlaw et Arthur Fouray, sur une oeuvre murale composée de plusieurs panneaux différents de Arthur Fouray, sculpture de John Armleder

sur le mur extérieur: Christian Robert-Tissot et Sylvain Croci-Torti

Sylvain Croci-Torti, Goodnight Ladies, 2018

Sylvain Croci-Torti, Living in a Daze, 2018, sur l’espace Alpine Dream curated by Samuel Gross

Christian Floquet, Jérôme Hentsch et Frédéric Gabioud

Arthur Fouray,  AAAFFF2.0, 2017, sculpture sur l’espace Alpine Dream curated by Samuel Gross

HORS SUJET

John ARMLEDER

On se souvient de l’ancienne galerie, ouverte en 2014, discrètement nichée au fond d’une cour dans un petit bâtiment délicatement rénové à la lisière du Vieux Carouge. Lorsqu’on y entrait pour la première fois, du seuil l’espace surprenait : au centre une curieuse structure à pans irréguliers blancs imposait son volume sans rien révéler d’une fonction éventuelle. La programmation s’affirmait tout aussi originale : l’artiste invité se voyait confier les murs, au sens propre du mot, pour y réaliser une peinture murale. Second versant de l’invitation : l’édition d’une (ou plusieurs) sérigraphie. En produisant des multiples la galerie a exprimé fondamentalement dès son ouverture, la volonté de faciliter l’acquisition d’œuvres d’art.

A l’automne 2017, John M Armleder devait succéder à la petite quinzaine d’artistes invités. Le projet ne s’est pas réalisé à la date prévue, la galerie a quitté Carouge pour s’installer dans le quartier des Bains. L’architecture du lieu est très différente, mais foncièrement son intention n’a pas changé. On retrouvera donc, intervention picturale murale et édition d’un multiple. Si l’on connaît tant soit peu le travail de l’artiste, on se doute bien qu’il a saisi cette donne en relançant les dés…

Aucun médium n’identifie le travail de John M Armleder, tous, voudrait-on dire, participent de sa pratique polymorphe. La peinture murale en est une des apparences. De la plus discrète, presque imperceptible (par exemple, Sans Titre, peinture murale au vernis transparent, 1969) à celles composées d’un pattern répétitif géométrique ou figuratif, ou celles aux couleurs chatoyantes qui ne craignent pas de se confondre avec un décor, les variations sont nombreuses et détournent les références des Avant-Gardes historiques, renvoient à la radicalité des monochromes ou à l’aune décoratif de la peinture. Pour celle de « Hors Sujet », l’or est de mise ! Sur la surface éclatante « flottent » de drôles de dessins, formes ou signes indéterminés. Ils ont cet aspect incertain et fragile de ceux que l’on trace plus ou moins (mal)adroitement avec les nouveaux outils de nos téléphones mobiles.

Au centre de l’espace largement ouvert sur la rue, trois sculptures abstraites ne manquent pas d’évoquer la structure dressée dans la galerie carougeoise : elles la reproduisent en modèle réduit. Les coordonnées dimensionnelles de la « pièce » originale ont été confiées à une imprimante 3D qui a produit les sculptures avec le matériau neutre ou coloré. Ce faisant, John M Armleder explore une nouvelle technique ; il n’a d’ailleurs jamais cessé d’inventer de nouvelles procédures et d’utiliser ce qu’il a autour de lui. Que ses œuvres soient faites de sa main, peintes par quelqu’un d’autre ou fabriquées d’une autre manière, elles sont fréquemment paradoxales, parfaitement évocatrices, nourries de références historiques et tout à fait silencieuses.

L’édition réalisée par John M Armleder pour cette exposition est présentée dans le deuxième espace de la galerie, sous cadre aux murs. Elle inaugure également la collaboration de la galerie avec les éditions R2/12. Ces dernières ont été créées en 1996 par François Vincent qui avait décidé de sa spécificité éditoriale : le papier, Rivaldi 160 gr., le format, 100 x 70 cm, le tirage, 12 exemplaires et 4 EA, une seule couleur (avec quelques exceptions qui en avaient deux), toutes numérotées, datées et signées et présentées dans un portfolio. Le dernier exemplaire disponible du portfolio de 50 x 50 cm sur Mirripaper datant de 2003 est montré dans la vitrine centrale.

R2/12 a parallèlement édité, selon les mêmes règles, des sérigraphies individuelles. Celle de John M Armleder (qui est devenue une rareté) date de 1996 et est également exposée.

Les 7 planches du nouveau portfolio sont réunies dans un emboîtage blanc (60 x 60 cm). Brouillant la notion d’original et de multiple, il a fait de chacune d’elles une sorte d’exemplaire unique. Du papier d’emballage de fête à un carton léger naturel ou doré, chaque « feuille » est différente par son support, par son format comme par le « motif » apposé : une intervention de l’artiste qui consiste en un geste spontané, libre, au spray. John M Armleder a souvent déclaré dans divers entretiens le plaisir qu’il avait à peindre (des pois) ou qu’il est devenu artiste « pour des raisons purement jouissives ». Ce portfolio en atteste !

FMN, janvier 2018

liens presse:

https://epaper.tdg.ch/#read/500/Tribune%20de%20Genève%20/2018-01-18/27

http://www.bilan.ch/etienne-dumont/courants-dart/galeriejohn-armelder-se-veut-aux-bains-chez-joy-de-rouvre

http://www.kunstbulletin.ch/eingang_besucher/dsp_frame.cfm?token_session_id=180223105943TFU&token_session_benutzer_id=anonymous&a=&p=&i=&e=&abo=&schenken=&shop=&anzeigen=&jubilaeum=

Date

Du 19/01/18 au 03/03/18

Vernissage

le jeudi 18 janvier 2018 à 18h

vue d’exposition: Hors Sujet I, peinture murale en 2 parties et toile Flight

vue d’exposition: Hors Sujet I et II, peintures murales et sculptures Ah! II et Ah! III

vue d’exposition: Hors Sujet III peinture murale et sculpture Ah! I

Hors Sujet II, 2018, peinture murale

 

Hors Sujet I, 2018, peinture murale

Hors Sujet III, 2018, peinture murale

Hors Sujet, 2017, portfolio

 

 

 

AH I!, 2018

 

AH II!, 2018

 

AH III!, 2018