WHEN THE HORSES
Sylvain CROCI-TORTI
Si la peinture était avant tout une dimension.
Pour Sylvain Croci-Torti la pratique de la peinture, dans une acception la plus large possible, l’autorise à prendre la mesure des espaces et des lieux. Ainsi, les couleurs, brutalement raclées ou attentivement saturées, emplissent les châssis et s’affrontent à la dimension de ceux-ci. L’artiste révèle alors, par plans, que la géométrie n’est pas qu’abstraction quand elle s’énonce en surfaces.
Pour cette exposition, l’artiste découpe une diagonale dans l’espace, tranchant dans la structure familière de la galerie Joy de Rouvre. Sans revers visibles, mais sans nier la nature fragile de leurs cadres, les grandes toiles jouent de la similitude des deux espaces d’exposition. L’effet de parallèle est amplifié par un accrochage précis et répétitif d’œuvres de plus petits formats. Fluide, liquoreux, mais dense, ce mur peint, légèrement flottant, déploie sa dimension étrangement naturelle de part et d’autre de l’espace neutralisé. Influant sur la température chromatique des salles, étirant les grands monochromes mornes aux limites apparentes de leur résistance, Sylvain Croci-Torti nous renvoie au miroir sombre de la peinture. Il n’est plus question de héros, de gloire, de monumentalité, de radicalité. La peinture est une écaille, un filtre translucide omni- présent. Comme dans la musique inspirée du minimal qu’il apprécie tant, le mur du son craquelle et ouvre des espaces à l’émotion, une fois encore.
Il ne s’agit pas de nostalgie, mais d’admettre que, quoi qu’il arrive, certaines formes ont la texture identifiable d’une histoire commune dont nous connaissons depuis longtemps les limites et les doutes, sans pour autant en abandonner le goût et le plaisir de s’y confronter.
Samuel Gross, septembre 2018
lien presse: https://www.artlog.net/de/kunstbulletin-9-2018/sylvain-croci-torti-peindre-comme-un-musicien
Date
Du 14/09/18 au 10/11/18
Vernissage
le jeudi 13 septembre 2018