COUNTERMEASURES

Jérôme HENTSCH et David MALEK

Une « countermeasure » est un moyen de défense en réponse à une attaque. Un avion de chasse qui envoie de la limaille de fer enflammée pour leurrer le tir d’un missile sol-air ou un sous-marin qui lance une bouée sonore pour tromper l’ennemi sur sa position sont deux exemples militaires de countermeasures. Mais elles sont présentes dans tous les domaines de lutte et d’interaction humaines.

La période que nous traversons les a vu proliférer pour combattre la pandémie de Covid. Celles-ci ont imprégné notre quotidien, parfois jusqu’à paraître absurdes, comme ces lignes d’adhésif collées au sol, ces kilomètres de bâches installées aux guichets, ou encore, comme la fermeture des musées alors que sont restées ouvertes les grandes surfaces commerciales.

A l’origine du projet de David Malek : une aide aux artistes du Frac Nouvelle-Aquitaine appelant à produire des œuvres en réponse à la première vague de la pandémie en 2020 (l’aide aux artistes pouvant également être perçue comme un moyen de défense). David Malek réalise alors la série Octagons afin de figurer ce qu’il perçoit de cette période : la répétition d’une même forme à travers plusieurs formats pouvant suggérer la prolifération, mais également le ou les virus, souvent représentés par des formes polygonales. L’octogone pourrait-il être un logo représentatif de notre ère ? Réalisées pendant le confinement, ces peintures composées d’une forme centrale chromée sur fond monochrome rappellent également la forme de la prison panoptique, souvent octogonale. Elles s’inscrivent dans le prolongement du travail présenté à l’exposition Binaries à la galerie Ribordy-Thétaz en 2020. La série Octagons représente dans sa recherche une évolution logique : purgée de couleur, répétant la même forme, laissant l’idée d’une peinture binaire composée exclusivement de deux éléments qui vont se cristalliser davantage.

De son côté, Jérôme Hentsch poursuit sa recherche d’un art qui contiendrait, malgré son aspect minimal et silencieux, une charge expressive. Inspiré, cette fois, par ce domaine de l’ethnographie qui s’intéresse à la réciprocité entre sorcellerie et contre-sorcellerie, il réalise une série de tableaux à partir de l’idée d’un masque protecteur qui aurait pour fonction d’égarer le regard. Il débouche sur de grands tableaux dont la multitude de points peut être perçue comme une mesure de protection contre des forces invisibles. Les deux sculptures, « témoins » de bronze issus quant à eux de l’agrandissement par dix d’un « témoin de chambre vide » – objet servant à signaler d’une arme qu’elle est déchargée et ne présente momentanément aucun danger – retournent par leur façon démesurée l’arme contre elle-même.

A “countermeasure” is a defense measure in response to an attack. A fighter plane that sends out flaming iron filings to confuse the fire of a surface-to-air missile or a submarine that launches a sonic buoy to deceive the enemy about its position are two military examples of countermeasures. But countermeasures are present in all areas of human struggle and interaction.

The period we are going through has seen countermeasures proliferate to fight the Covid pandemic. These have permeated our daily lives, sometimes to the point of absurdity, such as the lines of tape fixed to the ground, the kilometers of tarp installed at ticket offices, or the closing of museums while shopping malls remain open.

The origin of David Malek’s project: a grant to artists by the Frac Nouvelle-Aquitaine calling for the production of works in response to the first wave of the pandemic in 2020 (an artist’s grant can also be seen as a means of defense). David Malek then produced the Octagons series in order to represent what he perceived during this period: the repetition of the same shape through several formats can suggest proliferation, but also the virus or viruses, which are often represented by polygonal shapes. Could the octagon be a logo representative of our era? Made during the confinement, these paintings composed of a central chrome shape on a monochrome background also recall the shape of the ideal panoptic prison, which is often octagonal. They are a continuation of the work presented at the Binaries exhibition at the Ribordy-Thétaz gallery in 2020. The Octagons series represents a logical evolution in his research: purged of color, repeating the same shape, allowing the idea of a binary painting composed exclusively of two elements to crystallize further.

For his part, Jérôme Hentsch continues his research for an art that contains, despite its minimal and silent aspect, an expressive charge. Inspired, this time, by the field of ethnography which is interested in the reciprocity between witchcraft and counter-witchcraft, he has produced a series of paintings starting from the idea of a protective mask which would serves to confuse the gaze. This lead to large paintings whose multitude of dots can be seen as a measure of protection against invisible forces. The two sculptures, bronze « witnesses » resulting from the enlargement by ten of an « empty chamber witness » – an object used to signal that a weapon is unloaded and momentarily presents no danger-these sculptures turn weapons against themselves through their excessive scale.

Date

Du 06/11/21 au 19/12/21

Vernissage

le 6 novembre dès 11h

David MALEK

Octagons suite, 2021

David Malek

OCTAGON, 2021

huile sur toile

David Malek

OCTAGON, 2021

huile sur toile

Jérôme HENTSCH

Sans titre, 2021

acrylique sur toile

Jérôme HENTSCH

Sans titre, 2021

acrylique sur toile

Jérôme HENTSCH

Sans titre, 2021

acrylique sur toile

Jérôme HENTSCH

Sans titre, 2021

acrylique sur toile

Jérôme HENTSCH

Témoin 1, 2021

bronze, peinture de carrosserie

Jérôme HENTSCH

Témoin 2, 2021

bronze, peinture de carrosserie

GROUP SHOW 2021

Claudia COMTE, Sylvie FLEURY, Christian FLOQUET, Jérôme HENTSCH, Stéphane KROPF, David MALEK, François RISTORI, Christian ROBERT-TISSOT

Date

Du 03/09/21 au 16/10/21

Vernissage

le 2 septembre dès 18h

vue d’exposition: David Malek, Christian Robert-Tissot, Claudia Comte, Christian Floquet

François Ristori, Jérôme Hentsch, Claudia Comte

Christian Floquet, Sylvie Fleury

Sylvie Fleury, Christian Floquet

Christian Floquet, 8 études à la gouache sur papier millimétré, 1995

Stéphane Kropf, acrylique ou encre photosensible sur papier Canson, 2019

Claudia Comte, The Marble Can (Camila), 2020, Grey Bardiglio Marble, 34.3 x 21.2 x 20 cm

PRIX HEAD GALERIE 2020

Diane Rivoire et Arnaud Sancosme

La galerie présentera les 2 lauréats ex-aequo du prix HEAD galerie 2020

Diane Rivoire, née en 1996, est une artiste qui vit et travaille entre la France et la Suisse. Diplômée d’un Bachelor en Art Visuels (2018) et d’un Master en Arts Visuels (2020), Work.Master de la HEAD – Genève, elle développe sa pratique de manière appropriationniste au travers de peintures, objets, textes ou performances. Elle s’inspire d’expériences vécues et emprunte des références à la culture vernaculaire et la pop culture.

Elle performera le 8 juillet à la galerie à 19h  ainsi qu’à la Villa du Parc à Annemasse le 9 juillet 2021. Son travail a été présenté lors de l’exposition Lemaniana – Reflets d’autres scènes ( 2021 ) organisée par le Centre d’Art Contemporain de Genève.

En 2020, organisé par le Centre d’Art Contemporain, le MAMCO et les Bains des Pâquis elle participe au John Giorno Poetry Day initié par le Centre Pompidou. En 2019, exposition individuelle d’un wallpaper I want you, Espace Forde, Genève. Expositions collectives et performances telles que Sammelsurium (bourreau des questions fondamentales), Fonderie Kugler, Genève (2019) et une performance collective, Kar-a-sutra L’Autunno, avec l’artiste Anthea Hamilton, Espace Kunstnernes Hus, à Oslo en 2018.

Arnaud Sancosme, né en 1995, diplômé également  d’un Bachelor en Art Visuels (2018) et d’un Master en Arts Visuels (2020), Work.Master de la HEAD – Genève, est un artiste abstrait s’intéressant principalement à la peinture et la mise en oeuvre de son geste. Il est également musicien et compte 2 albums à son actif ainsi qu’une mise en musique d’une pièce de théâtre (Carré Rond, 2018).

Il a participé notamment à l’exposition Wall Paper à l’Espace Labo à Genève en 2020. Exposition personnelle éphémère Chagrin (publication) aux Ports Francs de Genève durant l’été 2020. Chez Forde, exposition collective, Le ciel, l’eau, les dauphins, la vierge, les flics, le sang des nobles, l’ONU, l’Europe, les casques bleus, Facebook, Twitter, à Genève en 2019. En 2017, expositions collectives à Halle Nord, Carnets, et en 2016 au Manoir de Martigny, Le grand livre de la Forclaz.

lien presse: http://delarthelvetiquecontemporain.blog.24heures.ch/archive/2021/07/09/diane-rivoire-et-arnaud-sancosme-quand-les-laureats-devienne-871310.html

Date

Du 08/07/21 au 31/07/21

Vernissage

le 8 juillet 14h-21h

Les Rustines

Peindre des rustines, ces petites pièces de réparation pour chambre à air.

Rassembler ce kit de 11 pièces, prêtes à l’emploi, au cas où… En peinture, elles serviront à couvrir le blanc des murs et les interstices. Réparer, de la même façon qu’on applique un pansement sur la peau fendue.

Dans le vieillissement du pansement, on observe comment il se salit du fait des gesticulations du corps, des mains par exemple. Les doigts s’activent à peindre ou faire la vaisselle et ce petit morceau caoutchouté autocollant se tache puis finit par se détacher. On le retrouve ensuite au fond des piscines et des baignoires.

Le procédé d’adhésion de la rustine tente d’éviter cela, la notice d’utilisation se targue des qualités de la vulcanisation, réaction chimique remarquable. Les peintures se contenteront d’un clou ou deux et vieilliront, elles aussi, à mesure de leur monstration.

Afin d’éviter un vieillissement prématuré, il s’agit pour moi de peindre lentement, d’accorder du temps au pinceau, de sorte qu’il trace soigneusement les lignes qui composent la toile, d’intensifier ainsi la couleur par le va-et-vient du poil. L’image existe alors de loin comme objet ou symbole ou l’élément pictural et de prêt comme ligne, matière, surface. Des couches successives à percevoir tour à tour. Dans mon travail, il s’agit donc souvent de choisir un élément et de le traduire en peinture. Ce transfert impose à l’objet toutes sortes de transformations induites par le medium (comme la saturation des teintes, le redimensionnement ou la réaffirmation de certaines lignes), il crée un écart avec le référent et une autonomisation de la peinture qui en résulte. A.S.

 

Après quatre filles et un jean

Toutes les pièces de l’exposition ont été réalisées à partir de la série littéraire jeunesse intitulée Quatre filles et un jean, écrite par Ann Brashares (romancière, essayiste américaine). L’histoire met en scène quatre adolescentes accompagnées d’un jean supposément magique qui va les suivre pendant leurs vacances d’été. Ses protagonistes sont : Carmen, Tibby, Lena et Bridget, dont l’amitié est symbolisée par le jean magique. Le temps d’un été le jean va passer de fille en fille et changera leur vie pour toujours.

Une nouvelle a été écrite et est à vendre à la galerie (à votre discrétion ou prix conseillé 12 chf) ; c’est une réécriture de Quatre filles et un jean passant par une appropriation des codes de ce roman à la fois drôle, sensible, où se mêlent les voix de quatre adolescentes qui rient, souffrent parfois, et grandissent de leurs expériences.

Après quatre filles et un jean est réalisé à partir d’une multiplicité de collages de textes les uns à la suite des autres, une sorte de cut-up à voix multiples. Ce texte questionne la notion de droit

d’auteur•e•x, à savoir : Qui parle ?

Ces appropriations de textes s’appliquent à la notion de « bootleg » que l’artiste a découverte grâce à la lecture du texte intitulé Copy, Tweak, Paste : Methods of Appropriation in Re-enacted Artists’ Books, Rob van Leijse, paru aux Edition Clinamen : le mot bootleg désigne entre autres la production, le transport et / ou la vente d’une version illégale ou d’une copie d’un produit protégé  par un copyright ; la College Art Association a tenté de définir un code de bonnes pratiques dans le domaine de l’appropriation (publié sous l’intitulé « Fair Use: Code of Best Practices in Fair Use in the Visual Arts ») qui fait état d’un consensus au sein de la communauté des arts visuels aux Etats-Unis, au sujet des pratiques auxquelles s’applique le principe du copyright, en fournissant un ensemble de règles pratiques et prouvées pour l’appliquer. Ce code indique qu’un•e•x artiste•x utilisant l’oeuvre d’autrui dans son propre travail doit citer sa source, ne pas laisser entendre que des éléments ainsi incorporés relèvent d’une création originale, pouvoir attester d’un enjeu artistique justifiant l’utilisation d’une partie ou de l’intégralité d’une oeuvre préexistante, et en évitant d’utiliser des contenus protégés par un copyright sans y apporter un supplément de sens artistique. Ces restrictions autorisent une large part d’interprétation et concernent uniquement l’artiste qui copie. Tant que l’oeuvre originale est respectée et citée, la copie est en général admise.

 

CROCI-TORTI PARRINO THURMAN

Sylvain Croci-Torti, Steven Parrino, Blair Thurman

(« T’as un beau châssis, tu sais ? »)

C’est en croisant Blair Thurman à la Foire de Bâle il y a deux ans que celui-ci a exprimé son envie d’organiser, en tant que curateur, une exposition dans ma galerie.
Avait-il déjà une idée précise de ce qu’il souhaitait montrer ? Peut-être aurais-je pu imaginer, alors qu’il venait – à l’instigation de Samuel Gross – d’écrire quelques lignes sur le travail de Sylvain Croci-Torti dans sa 1ère monographie*, que son vœu serait celui d’une exposition confrontant quelques-uns de ses travaux avec ceux de ce dernier ?
C’est peu après, lors d’un entretien téléphonique, que j’ai appris qu’un aspect du travail de Sylvain lui rappelait sa pièce imposante qu’est «The Speedway painting» exposée en 1992 à Boston lors d’un show commun avec Steven Parrino, tableau (ou plus exactement ensemble de 19 toiles) montré à nouveau à la foire de Bâle Unlimited en 2019.
A partir de là, l’idée d’exposer également des pièces de Steven Parrino (dont Sylvain est fan tout comme il l’est également du travail de Blair Thurman) et de faire le lien entre ces trois peintres et leurs approches respectives avait de quoi être réjouissante!
Au-delà des amitiés et du respect, il existe évidemment un lien commun dans les démarches de chacun : un intérêt fort pour la peinture et surtout l’action que les trois injectent – chacun à leur manière – dans leurs travaux et dont le résultat est cet impact visuel très fort et immédiat qui se dégage.
Mais au-delà des surfaces des tableaux et de ce qu’elles proposent, il y a cet attachement partagé pour le châssis et l’intérêt qu’il revêt pour chacun ; Sylvain le construit lui-même et y apporte un soin méticuleux pour le confronter – le plus souvent – à l’architecture du lieu (ne dit-il pas que le châssis lui prend un temps fou à construire, contrairement à la mise en œuvre de sa peinture ?).
Steven, lui, y apportait une attention particulière, notamment, en donnant à voir les chants du tableau transposés sur la surface par le biais du nouvel agrafage de la toile ou en laissant apparaître le bois, mis à nu. Enfin, Blair lui apporte, tant par l’épaisseur que par la complexité générale de la forme, cette importance sculpturale du subjectile.

Sylvain Croci-Torti (1984), originaire de Stabio (TI) peint à l’aide d’un outil de sérigraphe (une bacholle détournée en racle à encre) de larges toiles monochromes en s’imposant un rythme de travail protocolaire très court correspondant à l’écoute d’un titre de rock alternatif, la musique étant un élément primordial dans sa vie.

Steven Parrino (1959 – 2005), né et décédé accidentellement à New-York, froisse et déconstruit des appropriations de monochromes en bouleversant la surface de la peinture dans une synthèse entre high et low culture.

Blair Thurman (1961), né à la Nouvelle-Orléans, se sert de sa fascination d’une certaine culture populaire des USA pour l’utiliser comme matériau ; un travail abstrait inspiré des objets trouvés (un circuit de voitures Hot Wheels, une aile de voiture, une roue…) qui lui procurent la composition de ses pièces.

A l’occasion de l’exposition, Sylvain Croci-Torti a conçu avec Blair Thurman une sérigraphie originale éditée à 20 exemplaires. C’est également la première fois que Blair Thurman montrera à la vente des dessins originaux.

Joy de Rouvre, avril 2021

*Publication JRP – Presses du Réel

 

« Reluctant moralists, we make art that suggests our simultaneous longing for anarchy and order-to have nothing and everything. An uneasy peace is made between the reassuring mythologies society and culture provide and our wish to see ourselves as free agents. The very best in art makes public our private anguish in the face of this ineluctable conflict.” (Sherrie Levine, unpublished statement 1979, quoted in Thomas Lawson “We must embrace our joys and sorrows”, published ZG Magazine n°3,1981).
Blair Thurman, a “Pop” sensitive, and his work, a haphazard reclaiming of the “Look of Cool”. His method is gaze and memory rather than cold analysis. More like the free associations of a Beat poet on the road, happening upon Gonzo situations and structures, awash in neon, remembering a childhood of Hot-Wheels and model-glue, suspended in a haze of martinis, coffee, pain-killers, anti-histamine & Thera-Flu.
Thurman’s work here is based on a memory of driving through the Alps. The road as abstraction. There is no story about Tony Smith driving on the newly-made New Jersey Turnpike at night. No lines on the road, a perfect black slab…no other traffic…no lights other than the lights of the car he was in. For Smith this was a pure art experience. Now Thurman turns the road on edge. Smith never made artwork from his road experience. Thurman recognizes the art and transforms the idea into a painting. Thurman’s weird subjective road begins this exhibition. The model of the “Creature from the Black Lagoon” is an artifact from a happening that Thurman produced where he invited friends to build models in an art gallery. An obsessive action driven by obsessive collecting. The aesthetics of punk underground trash…a tube of Testors in each nostril…hurtling through space. The loner as Silver Surfer confronting the post-punk existential. For me the creature is our dark nature…our subjective selves. The dark self on the road to nowhere.

Steven Parrino, excerpted from exhibition brochure Return of the Creature, curated by Steven Parrino, Künstlerhaus, Palais Thurn & Taxis, Bregenz, May 17-June 22, 2003

“Less is new”
I first saw Sylvain Croci-Torti’s work at the “young artists” show part of Art Basel-the Swiss Art Awards-now several years back and I remember mentioning to Samuel Gross how it came across familiar but new; almost less-as-new-like a haunting-paintings without density yet insistent in the space and distilled that function. They lean across corners like someone leaning on your car-they loom, they block, they hover-and this insistence is a key element of the lineage of minimal painting “old school” as the Zoolander film’s walk-off reference with difference essential. These paintings are pushy, but they carry the traditions of the genre. I admit to being a stay-at-home, an intentional recluse – I mostly see only the things I really know – so I see in the work Parrino, Mosset, Bill, Buren (maybe even me a little), but that’s minimal painting as it is-an old school. The interrelation is a pleasure and a strength, and as an outsider, I dare say very Swiss. I had the occasion to assemble and show a work from 1992, The Speedway Painting, recently after 25 years and there was that leaning and looming that I liked so much in Croci-Torti.In those days I had been pursuing a “less-than-painting” but I think the real goal was “less-is-new”.

Blair Thurman, excerpted from Sylvain Croci-Torti, JRP Editions & Presses du Réel, pp 48-49, 2018, published for the exhibition “Tallahassee”, February 23-May 13, 2018 (for sale at the gallery, CHF 35)

lien presse: https://www.tdg.ch/trois-peintres-comparent-leurs-beaux-chassis-240303926040

 

 

 

Date

Du 06/05/21 au 26/06/21

Vernissage

le 6 mai 2021 de 12h à 21h

AURORA

Frédéric GABIOUD

Pour cette première exposition personnelle à la galerie, les œuvres de Frédéric Gabioud poursuivent le travail mené depuis 2012 à travers la technique du shaped canvas : une pratique sans ornements, rigoureusement non figurative et la plupart du temps monochrome avec laquelle l’artiste lausannois conçoit le châssis en fonction du développement spatial qu’il veut obtenir une fois l’œuvre entoilée et peinte.

Avec un soin obsessif pour la ligne et la tridimensionnalité, l’apparente simplicité du résultat mesure en réalité toute la technicité que requiert la conception du canevas, auquel la toile doit ensuite être soumise pour la conformer à une armature qui n’est jamais plane. Un travail de construction sous-jacent qui – à mesure qu’on en devine les traces dans les nuances de la surface – révèle alors le caractère hautement sophistiqué de ses œuvres, dont la volumétrie et la structure facettée apparaissent uniquement avec le déplacement du spectateur et les variations chromatiques créées selon la source de lumière.

La pluralité des effets visuels que permet cette technique est ici exemplifiée dans la première salle de l’exposition. À partir des réflexions menées sur des toiles uniques, la régularité de la surface se retrouve systématiquement mise en défaut, trompée par une monochromie totale qui dissimule en réalité la lenteur d’un biseau (Dr. Beckmann ; Utz), ou par l’impression d’inachèvement de la peinture qui révèle un biseau précisément laissé en réserve (Jewel). Un effet que l’artiste prolonge dans les œuvres assemblées, obtenues par châssis juxtaposés, pour lesquelles la planéité de la première toile est virtuellement rompue et déviée par la saillie de la seconde, placée en socle ou en corniche (Waxed ; Aurora) ; mais également dans les œuvres bidimensionnelles où la réflexion, portée désormais sur les tranches du châssis, permet à l’artiste d’exacerber les mêmes tensions entre l’œuvre et son environnement, soumettant la forme à une dimension spatiale discordante qu’il dilate jusqu’à la liquéfier.

Faussement simplistes et statiques, le caractère changeant de ces œuvres est donc indissociable du phénomène perspectif, appréhendé dans ses aspects illusionnistes et illusoires, comme pour les sérigraphies sur aluminium, dont la superposition des couches de couleurs et la surface réfléchissante provoquent à leur tour les équivoques d’une œuvre qui communique et interfère avec son propre espace (Blutorange).

Spécialement conçue pour cette exposition, l’œuvre composite de la seconde salle rassemble ces mêmes effets qu’elle rejoue à tout autre échelle (Highlight). Au fond de l’échappée que crée le couloir, si sa présence fonctionne évidemment en écho aux toiles précédentes, ses dimensions excèdent sans cesse le champ de vision offert par l’encadrement de la galerie. À mesure que le spectateur s’en rapproche, l’œuvre s’avère alors avoir envahi et opprimé l’espace entier, dévoilant le caractère déceptif d’une sculpture en ronde-bosse inconciliable avec l’espace qu’elle occupe. En effet, tandis qu’aucune des faces ne peut être embrassée d’un seul regard, la déclivité de la partie supérieure brise aussi tout rappel éventuel avec la salle qui l’entoure et que l’œuvre semblait reproduire en abîme.

Ce disfonctionnement ambiant, auquel participe la répétition des ellipses, condense ici le procédé avec lequel l’artiste fausse constamment la cohérence perspective et le système orthonormé suggéré a priori par son travail. Le temps du parcours, l’exposition de Frédéric Gabioud offre alors un aller-retour entre la clarté des volumes et sa propre dégénérescence, apportant avec ses distorsions raffinées l’une des promesses de l’aube : celle des désillusions.

Fabio Gaffo

 

Frédéric Gabioud est né en 1990 à Lausanne. Diplômé de l’ECAL en 2013, il est membre (avec Baker Wardlaw et Arthur Fouray notamment) de Silicon Malley, un « artist run space » sis à Lausanne qui promeut le travail d’artistes locaux et internationaux.

Il a participé à des expositions personnelles et/ou collectives à Quark (Genève), au Swiss Institute (New-York), à la Galerie des Galeries (Paris), chez Joy de Rouvre (Genève), à WallRiss (Fribourg) et au Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds.

En 2017, il a remporté la Bourse de la Fondation Leenaards. En 2018, son travail a été sélectionné au Swiss Art Awards Basel.

lien presse: https://www.artageneve.com/article/rencontre/frederic-gabioud

Date

Du 18/03/21 au 01/05/21

Vernissage

le 18 mars 2021