PROPOSITION PEINTURE: « TRACES FORMES »

François RISTORI

Contestant la pratique picturale de la scène française en vigueur, le travail de François Ristori (1936-2015) est en phase avec le degré zéro de la peinture des années 1960-1970 et les questionnements socio-politiques qui se font jour à cette époque.
Sa posture radicale est à rapprocher, en France, notamment* de la démarche de B.M.P.T (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni) qui, au même moment, viennent critiquer la peinture pour la débarrasser des notions de don, de talent, d’inspiration, d’expression, valeurs académiques imposées par l’artiste (et le marché) et qu’ils jugent réactionnaires à l’aune de la révolte anti-autoritaire ambiante.
Avec un protocole écrit immuable et à l’aide d’un gabarit de carton spécifique, François Ristori trace des hexagones, qui, après une intervention précise (une translation géométrique), deviennent les «traces-formes» ; dessinées au crayon, puis peintes (toujours en bleu, rouge et blanc), elles s’autogénèrent, s’emboîtent et se multiplient sans cesse jusqu’à occuper la totalité des supports dans le lieu et l’espace qui les abritent.
François Ristori refuse que son travail offre prise à une quelconque conception émotionnelle, tout comme il conteste l’illusionnisme qu’il considère comme des artifices. Ainsi, la surface peinte n’a pas d’autre signification qu’elle-même et elle est réduite à sa seule objectivité : un châssis, une toile, des pigments.
L’ensemble des trois couleurs est utilisé aussi bien pour sa capacité visuelle immédiate que pour son côté élémentaire et banal. Enfin, le processus est répété sans cesse pour éviter, non seulement l’unicité propre à l’œuvre d’art traditionnelle mais aussi pour révéler un travail atemporel.
Le début de carrière de François Ristori revêt une intense activité ; alors qu’il n’a pas été invité à participer à la Biennale de Paris en 1969, Daniel Buren et Niele Toroni se retirent pour lui laisser place. En 1971, il obtient une première exposition personnelle chez Yvon Lambert, participe en 1972 à la rétrospective «Activité d’un bilan» du même galeriste (aux côtés notamment de On Kawara, Brice Marden, Robert Ryman,….) expose à Bruxelles et à New-York (1976) au Musée d’Art Moderne de Paris (1977) ainsi qu’au futur Consortium de Dijon (1979).
D’importants ennuis de santé vont contraindre François Ristori à réduire fortement le rythme de son travail dès les années 1980, empêchant alors la pleine reconnaissance d’une démarche pertinente et singulière.
A relever que des projets d’expositions dans d’importantes institutions en France sont actuellement en cours, permettant ainsi de révéler à sa juste mesure un travail qui rend compte de la fin du modernisme en suscitant une véritable réflexion sur l’acte de peindre dans (et en dehors) du champ de l’art.

*mais aussi de Claude Rutault, André Cadere, Bernard Joubert avec qui François Ristori entretiendra de nombreux contacts

lien presse: http://delarthelvetiquecontemporain.blog.24heures.ch/archive/2020/10/09/francois-ristori-l-abstractionniste-869880.html

https://www.bilan.ch/opinions/etienne-dumont/geneve-a-connu-par-les-poils-un-week-end-dart-contemporain-dans-les-galeries

Date

Du 31/10/20 au 16/01/21

Vernissage

le 31 octobre dès 11h

CASTLES MADE OF SAND

Dominik STAUCH

Dominik Stauch am 26. Februar 2020 zuhause und in seinem Atelier in Thun, Switzerland.
Copyright ©Alexander Egger

Le plaisir d’expérimenter avec lequel Dominik Stauch déploie sa peinture sur la toile n’exclut pas les autres médiums. L’animation numérique – où le son joue un rôle équivalent à celui des images –, les impressions digitales, le collage, le mobilier devenant sculpture et les interventions spatiales et architecturales sont autant de champs de recherche importants qui se nourrissent mutuellement. Parallèlement, sa pensée et sa démarche artistiques et conceptuelles demeurent clairement liées à l’histoire de la peinture et sa teneur utopique. Les abstractions géométriques du XXe siècle avec leurs hypothèses idéologiques et esthétiques controversées sont au cœur de l’attention, une tradition que Dominik Stauch met en lien de manière sans cesse inattendue avec la culture, les images et la musique pop.

La décision de concentrer l’exposition Castles Made of Sand sur des travaux bidimensionnels – peintures et collages – éclaire le rapport non-idéologique de l’artiste à la modernité géométrique-abstraite et montre comment l’approche subjective de Stauch y introduit, comme de rien, les sensibilités contemporaines. Et ceci loin de toute charge utopique portant des revendications totalitaires et l’échec inhérent à ces dernières. Le langage de sa peinture se limite résolument à des formes géométriques de base. L’application de la couleur est lisse et ne présente pas de traces de pinceau. L’artiste confronte ces paramètres objectifs à des chevauchements précis, qui ouvrent des espaces picturaux difficilement saisissables, pleins d’effervescence. Cela rappelle la conception renaissante de l’image comme fenêtre ouverte sur le monde. Ce que nous percevons ici n’est cependant plus un aperçu de la réalité visible. Nous découvrons par contre des mondes qui racontent d’autres choses. Il y a là d’une part l’univers artistique où il est question de proportions, de perspective, de couleurs et de contrastes. De principes constructifs que l’artiste phagocyte par des décisions intuitives, opposant ainsi sa subjectivité radicale au rationnel. Mais il y a là d’autre part l’illusion d’un espace qui ne se laisse pas définir et qui peut déstabiliser le spectateur, sa perception n’y trouvant plus de prise solide. Le regard peut y vagabonder d’autant plus librement, confronté toutefois à une certaine instabilité. Il fait face à un monde pictural qui ne peut pas être circonscrit. Le rapport entre image et spectateur peut et doit sans cesse être mis au point, ce qui ne fonctionne qu’au travers de prémisses individuelles qui transforment le processus de perception en un processus cognitif personnel.

L’esprit ouvert de l’ensemble d’œuvres présenté dans la galerie se fonde sur une grande discipline de pensée et de création. À l’aide de programmes informatiques, l’artiste esquisse d’innombrables constructions, varie les proportions, crée puis rejette des symétries et teste les combinaisons de couleurs les plus diverses. Il joue délibérément avec les règles des théories classiques de la couleur – couleurs primaires et secondaires, contrastes complémentaires et simultanés – en éprouvant des combinaisons de teintes qui ne vont à priori pas ensemble, ou en excluant, autant que possible, les préférences personnelles. Cette infinité de combinaisons repose sur un concept artistique qui, à la manière d’une lentille convergente, concentre le regard sur notre réalité sociale. Les modernes de l’abstraction géométrique cherchaient encore à utiliser la création pour donner forme à une utopie sociale à la recherche d’égalité, au sein d’un tout supérieur. Aujourd’hui, le défi se situe dans l’association et la coexistence de points de vue hétérogènes. La stratégie de survie dans cette situation de conflit – voilà ce que nous enseignent les images de Dominik Stauch – consiste à prendre sans cesse des décisions subjectives tout en les relativisant.

Le titre de l’exposition Castles Made of Sand se réfère à un vers du morceau éponyme de Jimi Hendrix, chez qui le génie et l’échec sont indissociables. En faisant allusion au mythe du génie, et par là au romantisme, les collages de petit format acquièrent une dimension existentielle. Les images tirées d’internet – les motifs récurrents étant les rodéos, les photographies de musiciens comme Hendrix sur scène, Superman, mais aussi des anges de l’Annonciation – sont doublement retravaillées. L’artiste les soumet à un logiciel de tramage et met ainsi en évidence leur origine. Puis il découpe des formes géométriques libres directement dans ce matériau. En réalité, il combine ici des méthodes de conception et des motifs à première vue incompatibles. L’abstraction et la figuration, la culture populaire et l’histoire de la peinture, accompagnées de leurs connotations culturelles, restent ainsi lisibles comme idiomes autonomes dans les collages. Les systèmes philosophiques et les mythes populaires en font tout autant partie que les épopées héroïques, des promesses de salut ou d’annonciation. La somme de cet enchevêtrement hétérogène et fragmenté ouvre un champ de réflexion et de liberté surprenant. Ainsi s’affirme une pensée esthétique qui relie avec légèreté les questionnements inhérents à l’art aux questions les plus pressantes du quotidien.

Elisabeth Gerber, août 2020
Traduction Petra Krausz

 

 

Date

Du 04/09/20 au 17/10/20

Vernissage

le 3 septembre dès 18h

PROBABLY LOST

Christian ROBERT-TISSOT

“Je dis toujours la vérité : pas toute, parce que toute la dire, on n’y arrive pas… Les mots y manquent… C’est même par cet impossible que la vérité tient au réel.”    Jacques Lacan

« Peindre ou mourir », « Je graisse régulièrement ma chaîne de vélo », « Abstraction, Distraction ». Quel rapport entre toutes ces phrases auxquelles s’ajoute une liste en « or » ? La peinture, seulement la peinture.
Christian Robert-Tissot fait de la peinture avec des mots. Hormis les listes, tous ses énoncés sont trouvés, choisis pour que leur platitude s’accorde à celle de la toile. Que leur place, essentielle dans la composition, ne fasse ni saillie ni trouée. Les phrases ont bien un sens mais assez commun pour faire corps avec la forme afin que « ce que vous voyez n’est que ce que vous voyez ».
« Probably lost », qui donne le titre de l’exposition, est repris d’un cartel vu à la Fondation Beyeler sous la photographie d’un tableau perdu de Malevitch. Christian Robert-Tissot rejoue cette situation en peignant directement au mur de la galerie un carré gris sur fond blanc, comme emplacement probable d’une toile manquante. Sous ce fantôme, wall painting monochrome, s’alignent trois petits tableaux de chevalet probablement bleu clair portant la mention « Probably lost » en rouge brique.
Cette disposition, empruntée aux avis de recherche, avec languettes prédécoupées et contact à prendre, est déclinée pour huit autres ensembles. Carrés et rectangles, chers à Malevitch, s’assemblent le temps de cette exposition, en géométrie simple : croix, bandes, et presque triangles. Dans l’idéal, cet ordre devrait être précaire, puisque dans le contexte de la galerie tout doit disparaître.
« Paint or die », seul tableau à ne pas être dupliqué, peut faire pendant au carré gris, fond vierge où toute écriture est possible. Peindre ou mourir, devise, programme combattant : peinture de bataille par extension ? L’énoncé concerne surtout qui peint, renvoie non sans ironie à un idéal romantique d’une nécessité intérieure, mais en reste finalement à la déclaration d’intention.
D’autres acteurs de l’art : « Visitor, collector, curator, director » s’alignent. La liste se clôt par « Terminator ». Avec quoi faudrait-il donc en finir ? Pas avec la peinture elle-même, elle n’est pas à vaincre et le peintre rappelle que le travail est en cours. « The paint work needs doing », n’en déplaise aux infortunés prophètes qui ont tant de fois annoncé l’agonie picturale.
La perte revient à travers l’allusion, portrait à clef d’un artiste mort prématurément à 34 ans. Sur une des rares photos connues, Blinky Palermo pose devant deux petites peintures triangulaires. Sur son tee-shirt on lit COMET KOHOUTEK. La reprise de ces mots sur fond de triangles, l’un noir, l’autre rouge condense cette image, en fait une peinture, six fois recopiée et assemblée en un hommage à la fulgurance. Palermo, comme comète artistique du siècle.
Dans un registre plus trivial, dire que le chocolat fond au soleil peut encore se lire comme une métaphore de la disparition, mais reste une évidence.
Les lasagnes servies aux parents dans l’atelier au jeune temps des vaches maigres peut faire scène de genre, rappeler toutes les tablées de mangeurs et des souvenirs probablement teintés de nostalgie.
« Je graisse ma chaîne de vélo » est plus incongru, comme un intermède, une diversion à la peinture, généralement à l’huile ou à l’eau. Notons la régularité d’une opération technique qui fluidifie le mouvement. Il est non seulement question de disparition, mais de temps qui passe, de ce qui est perdu autant que de ce qui reste à faire.
Abstraction, renvoi à la peinture, Malevitch en est un des pionniers. Christian Robert-Tissot l’associe par la rime à Distraction, à moins que ce ne soit une apposition. Les deux mots en partagent au moins un troisième : action.
Faire, voilà toute la question et comment la faire s’agissant de peinture ? Même si c’est par allusion, c’est d’après photo pour au moins deux des compositions et ce de manière singulière. Par série et par assemblage de tableaux. Par duplication à l’identique et à la main. La facture, bien que réduite à son expression minimale, induit d’infimes variations entre chacune des toiles reproduites à l’identique, en agrandissement ou en réduction. La série complète constitue un ensemble qui se déploie au mur dans une configuration particulière, un tableau unique fait de modules semblables et indépendants parfois accrochés sur un monochrome. La question si importante de l’œuvre originale et de sa reproduction est au cœur du travail. Celle de la peinture attachée au mur – wall painting – et de sa version mobile – tableau de chevalet – le sont également. Les toiles achetées dans le commerce sont des formats standardisés nommés selon des genres canoniques de la peinture et relatifs à l’iconographie : portrait, marines, paysage.
Mais cessons de faire fausse route, « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » La célèbre phrase de Maurice Denis s’applique parfaitement aux œuvres de Christian Robert-Tissot. Si les listes et les phrases sont sujettes à interprétation, c’est dans le hors-champs de la peinture.
Il faudrait faire abstraction du sens des mots, non pas qu’ils n’en ont pas, mais parce qu’il est intimement lié à la manière dont ils sont peints, si bien qu’il ne faudrait pas les détacher de la toile dont ils sont un des composants. Pour Christian Robert-Tissot, le mot est motif et pas message. La phrase ne dit rien que vous ne sachiez déjà, ne vous engage à rien, ne vous impose rien, ne vous informe de rien. C’est simplement – et c’est difficile à concevoir sans voir – un des matériaux de la peinture, à voir plutôt qu’à déchiffrer. Les mots peints sont ce qu’ils sont avant d’être ce qu’ils signifient.
Les lettres unicolores sur fond le plus souvent monochrome définissent le champ coloré, l’espace de la peinture. La composition se tient là, dans les tailles, celle du tableau et de la police, dans les couleurs du fond et des lettres, dans l’intervalle qui les séparent, dans la place du mot dans le tableau. Dans la combinaison des tableaux eux-mêmes et leur rapport au mur qui fait fond et s’en colore.
ABSTRACTION, DISTRACTION, pourquoi pas puisque tous les tableaux finissent au-dessus des canapés, mais surtout, l’un peint au-dessus de l’autre. Ce sont leurs similitudes et leur disparité qui sautent aux yeux. Des deux lettres qui les distinguent le i de plus rapetisse distraction. Dix lettres qui ne se valent pas et qui faussent la symétrie des toiles divisées en deux bandeaux égaux, l’un bleu, l’autre vert sur lesquels se détachent les lettres du même jaune que le mur monochrome sur lesquelles les toiles sont accrochées faisant rayures à échelle humaine.
Les lettres de « chocolat » sont dans sa couleur brune intense, sur fond jaune façon enseigne. Les mots se terminant par « or », sont dorés sur fond rose poudré. Très Marie-Antoinette, vague idée du luxe, cadeaux de boutique musée, produits dérivés. Ils sont aussi déclinés en version argentée pour en finir – Terminator – avec l’assortiment tape à l’œil.
La vibration colorée, l’équilibre entre les tons, l’harmonie chromatique viennent d’emblée, inhabituel accord rose et rouge, fort contraste rouge et noir, vert émeraude et bleu turquoise, jaune presque fluorescent récurrent. La planéité de la toile est affirmée, les compositions sont simples et rigoureuses.
Une sérigraphie en 15 exemplaires, seul multiple parmi les uniques redoublés en répliques autographes, complique la mécanique d’un : « je ne veux rien » qui pourrait s’appliquer aux mots peints.

Claude-Hubert Tatot, 2020

liens presse:

https://www.artageneve.com/article/christian-robert-tissot-mots-en-couleurs

https://www.bilan.ch/opinions/etienne-dumont/rien-que-des-mots-christian-robert-tissot-revient-a-geneve-chez-joy-de-rouvre

https://www.tdg.ch/christian-robert-tissot-fait-rimer-image-et-message-

 

Date

Du 28/05/20 au 31/07/20

Vernissage

sur 4 jours 28-29-30-31 mai 2020 de 11h à 18h

ARTGENEVE 2020 – STAND C39

Date

Du 30/01/20 au 02/02/20

Vernissage

le mercredi 29 janvier sur invitation

vue du stand, 2020

vue du stand, 2020

vue du stand, 2020

 

1984 (feat. 1990) 2ème partie

Sylvain Croci-Torti, Guillaume Pilet, Delphine Renault, Baker Wardlaw feat. Frédéric Gabioud & Arthur Fouray

L’année 1984 correspond non seulement à la date de naissance de 4 artistes de la galerie Joy de Rouvre, mais c’est également l’année durant laquelle John Armleder organise chez ECART à Genève, son exposition PEINTURE ABSTRAITE autour d’artistes américains ou européens.


35 années sont passées depuis, et le hasard qui fait coïncider année de naissance de jeunes artistes pleinement engagés dans l’abstraction, avec l’année d’une exposition qui fait date dans l’histoire d’une certaine peinture, permet de questionner la validité de cette forme d’expression dans cette région qui a vu et voit encore l’attachement de nombreux artistes à ce courant artistique.
Une 2ème sérigraphie originale en édition limitée de John Armleder accompagne le 2ème volet de cette exposition. Cette 2ème partie est composée d’un nouvel accrochage des mêmes artistes ainsi que deux nouvelles interventions murales Sylvain Croci-Torti, Guillaume Pilet, Delphine Renault, Baker Wardlaw nés en 1984, ainsi que Frédéric Gabioud & Arthur Fouray nés en 1990.

image courtesy John Armleder et galerie Joy de Rouvre, 2020

Date

Du 16/01/20 au 29/02/20

Vernissage

le jeudi 16 janvier de 18h à 21h

Frédéric Gabioud et Baker Wardlaw

Guillaume Pilet, Arthur Fouray et Delphine Renault

Guillaume Pilet, éventail, vase et wall painting

Sylvain Croci-Torti et Guillaume Pilet

Guillaume Pilet et John Armleder

Frédéric Gabioud, Lumocolor, acrylique sur 4 toiles assemblées 200 x 250 cm

Delphine Renault, Icone (sérigraphie) et Retable (wall painting)